Mon ami malgache m’a fait parvenir ce texte il y a 9 jours, en fait quelques jours avant que le président du pays ne démissionne. Je me fais ici le plaisir de vous le relayer.

Antananarivo, le 16 mars 2009.

Le pouvoir venant du peuple.

Le pouvoir vient donc du peuple, qui le donne et le reprend. L’extrait de texte suivant a été publié dans certains journaux malgaches en 2002, en pleine polémique sur la légalité et la légitimité du nouveau régime :
Titre : «Argumentation juridique démontrant la validité politique de la proclamation de Marc Ravalomanana à la Présidence de la République de Madagascar».
« (…) La ” Constitution “, est donc l’acte qui établit et fonde le statut du pouvoir politique dans la société malgache. Conformément au courant constitutionnaliste moderne, cette Constitution est avant tout un contrat, un pacte qui unit le peuple aux gouvernants, et par lequel le peuple reconnaît le pouvoir des gouvernants, c’est-à-dire du gouvernement et du Président de la République. (…) »

A l’époque, l’auteur de cette brillante argumentation juridique pour défendre la légitimité du nouveau Président était doctorant en droit. Alors que maintenant il a son titre en poche, il vient d’entrer dans l’équipe des négociateurs de Andry Rajoelina pour lutter contre la légalité du même Président. En politique à Madagascar, aucune amitié n’est sans doute éternelle.

Au début de cette crise, un des sujets ayant profondément touché les citoyens malgache a été l’achat faramineuse, qui ne profitent pas au peuple, de l’Air Force One Number Two. Une achat que le FMI lui-même n’ai pas les sources exacte du financement de cet appareil. Financement personnel du Président ou celui du gouvernement ? Jusqu’ici rien n’est clair. Ce qui est visiblement clair et vrai est la frustration du peuple, dirigé par l’ancien Maire de la capitale Andry RAJOELINA (TGV), lui s’autoproclamant Président de la Haute Autorité de Transition (HAT). A savoir que tous les dinosaures politiques qui hantent actuellement les couloirs du pro-TGV ont déjà été au pouvoir pendant la troisième République. L’expression de cette colère s’est démontrée par un rassemblement de foule à la place du 13 mai, une place qui a été faite pour cela depuis la première République. D’un côté, sur la place du 13 mai, le Président de la HTA n’a qu’une seul objectif : Assez les dictatures et la monarchie, le peuple n’en supporte et n’en veux plus. Cher Monsieur le Président, le peuple vous invite à quitter le trône et ceci sans plus attendre. De l’autre côté, au Palais d’Iavoloha pour le Président : l’accueil du sommet de l’Union Africaine (SADC) qui se tiendra au mois de Juillet prochain, un sommet qui n’intéresse pas les malgaches ; ou la préoccupation de ces affaires personnelles, voir la gestion de son immense fortune à Madagascar, groupe TIKO qui est devenu l’unique et le plus grand distributeur agroalimentaire couvrant toute la grande île.

Durant ces 3 mois de crise et de grève, du sang a coulé ; on compte plus de 100 morts et plus de 300 blessés. Maintenant la grande île sombre petit à petit dans le chaos total, l’image internationale s’est considérablement dégradée, les pillages se font à la moindre possibilité, des exactions de l’armée sont dénoncées par les citoyens, l’ambassade des Etats-Unis appellent ses ressortissants à quitter le pays, Corsair Fly a suspendu sa ligne directe Paris - Nosy Be et des entreprises (grande surface, supermarché, groupe TIKO) sont détruites mettant au chômage des milliers d’emplois. L’insécurité règne. D’après les experts en économie, une crise économique inévitable pointe le nez de la grande île.

Où en sommes nous en ce moment ?
Les dirigeants des quatre églises présent à Madagascar (FFKM): Catholique, Protestante, Anglicane et Luthérienne ont déjà organisé une rencontre entre les deux protagonistes. Lors de la troisième réunion, le Président de la République lui-même s’est absenté en posant un lapin à TGV. Comme excuse, il se dit avoir fait une tournée en province et ne peux être présent à la rencontre. Paraît-il que, durant les rencontres, chacun des deux protagonistes avaient leurs propres sujets à mettre sur la table et qu’ils n’ont pas trouvé un terrain d’entente.
Avec les conseils des émissaires de l’ONU, de la SADC (Madagascar en fait partie depuis), des ambassadeurs présent à Madagascar, et même un membre du Ministère des Affaires Etrangères Français qui sont venu à Madagascar, le FFKM est en train de remettre en place un dialogue national entre tout les partis politiques existant (pour et contre le gouvernement), les armées et l’ONU. Une réunion qui a vu le jour, sans la présence des deux protagonistes jusqu’ici mais qu’on espère aboutir à une solution ou du moins à rassurer les citoyens avec un même sujet de discussion sur la table.
Tel est le seul et unique moyen de sortir de cette crise.

Mais en attendant, chaque citoyen malgache subit l’effet de la crise, comme la hausse du prix des PPN, les carburants … Mais plus la crise dure, plus Madagascar s’enfonce. Plus on s’enfonce, plus la remontée nous sera difficile. Plus la remontée sera difficile, plus le terrain pour une prochaine révolution nous est fertile.

K.